Le Village
Dominé par le Montsec et longé par le fleuve Aude, le village de Montazels est bien exposé à flanc de colline. Il fait face à Rennes-le-Château, sur le versant opposé, en surplomb de la petite ville de Couiza.
Entre vignes et anciennes oliveraies, le promeneur pourra musarder sur le sentier des capitelles, et s’émerveiller de la diversité de ces petites constructions de pierres sèches, témoins insolites et poétiques de la vie rurale d’autrefois.
Le cœur du village de Montazels est typique avec sa place ombragée par les platanes où trône en son centre l’emblématique fontaine circulaire dite Griffoul datant du XVIIIème siècle et classée. A quelques pas de là, c’est la discrète église du XVIIème dédiée à Sainte Cécile qui attire l’œil.
Plus haut dans le village, les vestiges de l’ancien château du XVIII ème dominent l’ensemble. Les registres de 1352 font déjà mention d’un « Castrum de Montazels » ce qui témoignent de l’existence plus ancienne de l’édifice.
Montazels est aussi la commune de naissance en 1852 de l’énigmatique Abbé Bérenger SAUNIERE, personnage central des mythes et légendes de Rennes-le-Château.
Ancienne cité chapelière dont l’usine remonte aux années 1920, la commune voit renaitre ce passé glorieux de la fabrication de la cloche de feutre en laine de mouton au chapeau grâce à la SCIC Montcapel.
La municipalité propriétaire des bâtiments et des machines est particulièrement attachée à cette renaissance manufacturière. Elle est sans doute la dernière usine de ce type encore en activité en France.
Montazels, intégrée dans la communauté de communes du limouxin, est aujourd’hui une commune résidentielle de 590 habitants prisée pour la richesse de sa vie associative et la qualité du cadre de vie qu’elle leur procure.
Se souvenir : la Retirada
De 1936 à 1939, la guerre d’Espagne et le franquisme ont entrainé de nombreuses vagues de réfugiés républicains vers la France.
La chute de Barcelone en février 1939 a amplifié cet exode terrible pour près de 500000 personnes à travers la chaîne pyrénéenne : la Retirada, la retraite.
« L’accueil » de ces réfugiés, dans le contexte politico-social déjà tendu et désorganisé de l’époque se fera en grande partie dans le chaos et dans des conditions d’hébergement très difficiles.
Des centres d’internement seront improvisés sur les plages des Pyrénées Orientales, sur le territoire, dans des bâtiments disponibles ou désaffectés et dans l’Aude à Montolieu, Bram et Montazels.
Les familles sont séparées, réparties dans différents camps, les femmes et les enfants à Montazels.
Les salles de la chapellerie seront reconverties en dortoirs de fortune, les literies de paille à même le sol entre les machines avec six toilettes et « douches » pour les quelques six cents réfugiés du 8 février 1939 au 8 mai 1940.
Chaque année la municipalité de Montazels est aux côtés de l’association AAGE F FFI AUDE rend hommage à cet période douloureuse.
https://www.ladepeche.fr/2019/12/06/la-retirada-un-devoir-de-memoire-a-perpetuer,8585988.php
…Notre situation est réellement très difficile et d’une extrême détresse. Il est absolument nécessaire que plus tard on puisse connaître le drame que nous vivons, l’injustice qui s’exerce à l’encontre de pauvres femmes réfugiées d’une guerre cruelle. Je laisse une trace de notre tragédie pour qu’elle ne se reproduise plus jamais. Que ce monde de haine, de vengeance, de manque de solidarité, d’incompréhension, sans perspectives ni espoir disparaisse définitivement ! …
Extrait de Femmes en Enfer, ouvrage de Elisa Reverter Lopez (1917-2009), artiste et militante de gauche. Elle a été internée dans le camp pour femmes de Couiza-Montazels. Elle transcende l’enfermement par l’écriture de son journal et en réalisant de nombreux dessins de la vie quotidienne des femmes et des enfants du camp.
